Stress et Marathon 2
Au delà de la diversité des marathoniens … il existerait des spécificités de l’application du modèle transactionnel du stress* au Marathon pour le coureur amateur en termes d’évaluation et de stratégies de coping et de mettre en lumière une influence de l’estime de soi et de la représentation sociale dans ce processus.
Premier point, en référence à ce modèle, lors de l’évaluation primaire, l’individu voit si la situation est pour lui du registre de la menace («threat»), de la perte («harm-loss») ou du défi («challenge»). Si perte et menace génèrent des émotions négatives (anxiété, culpabilité), le défi, lui générerait des émotions positives (confiance, plaisir). Une spécificité de l’évaluation primaire du marathonien amateur serait qu’il la situerait au niveau du défi lancé à soi-même en termes d’endurance, de gestion et d’optimisation de ses capacités avec les conséquences. Et comme l’écrit D. Lassare : « dans le défi, la personne trouve l’opportunité de se prouver à elle-même sa propre valeur, d’étendre sa maîtrise ou d’avancer dans son développement personnel», établissant ainsi un lien avec l’estime de soi.
Soulignons aussi que le marathonien amateur vit un engagement lié au plaisir, son investissement dans le sport est choisi. Cette motivation intrinsèque qui anime le marathonien (vs. extrinsèque qui renvoie aux récompenses/ sanctions) est liée aux bénéfices attendus en terme de «renforcement de compétence et d’autodétermination, de contacts sociaux et de recherche hédonique de sensations». (Delignières D.) La nature de l’implication du sportif pourrait aussi influencer le processus de stress. Dans le cas du marathonien amateur l’investissement dans la tâche prédomine, favorisant buts flexibles et ajustements, la performance dépendant de sa lucidité, de son habileté et ses efforts avec des répercussions sur le stress (vs. dans l’ego où les buts sont peu contrôlables, anxiogènes et peu flexibles).
Des travaux ont aussi montré que les sportifs investis dans la tâche lient la réussite à l’effort et à la persistance (vs. ceux investis dans l’ego évoquant chance ou aptitude supérieure) et voient leurs erreurs comme une composante naturelle de l’acquisition des habiletés, l’amélioration des performances satisfaisant leur critère de démonstration de compétence. Au regard de l’importance de la période de préparation pour le marathonien et de ses ajustements, ce point paraît essentiel dans la gestion dynamique du stress de long terme, la réévaluation y tenant une place centrale.
Pour faire face, le sportif adopterait généralement un coping actif et évolutif. Ses stratégies, dynamiques et flexibles, seraient davantage centrées sur le problème, permettant d’affronter la situation (recherche de moyens d’action, réorganisation de la tâche, accroissement de l’effort via l’entraînement mental, physique – vs. stratégies centrées sur l’émotion et le désengagement
La fixation de buts réalistes, spécifiques et proximaux, semble efficace et le recours à des buts de maîtrise visant au surpassement des standards personnels (par opposition aux buts de résultats dans un processus de comparaison sociale) constitueraient une stratégie de gestion du stress compétitif, en liaison avec l’implication dans la tâche. En présentant une dissonance faible avec le niveau de ressources du sujet, ils réduiraient anxiété, peur de l’échec, risques d’altération de l’estime de soi, préservant le sentiment de compétence.
Si ce coping centré sur le problème paraît dominant, le marathonien à aussi recours au coping centré sur l’émotion qui concerne les actions visant à diminuer les états émotionnels liés au stress, notamment le monologue intérieur positif, la relaxation ou la recherche de soutien social.
L’estime de soi, à la fois antécédent et conséquence du stress, influencerait «la façon dont les individus évaluent la situation et leur manière d’y faire face » et serait une clé de l’accomplissement des performances.
Alors, bonne course !
Catherine Montluc
*modèle transactionnel de Lazarus et Folkman. Pour rappel, selon Lazarus & Folkman, le processus de stress est une « transaction particulière entre l’individu et son environnement dans laquelle la situation est jugée par l’individu comme dépassant ses capacités et mettant en danger son bien-être». Ainsi, la situation de compétition n’apparaît pas stressante en soi. L’individu détermine le potentiel stressant de la situation par l’évaluation cognitive des demandes et de ses capacités à y répondre, « chacun fai(sant) son stress » (Rivolier, 1997)
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