« L’enfant de remplacement » et le sentiment paradoxal de culpabilité
Tout enfant né après la mort d’un aîné n’est pas un « enfant de remplacement ». M. Hanus précise qu’il ne serait son « remplaçant » « que dans la mesure où ses parents, sa mère n’ont pas pu en faire le deuil. Cet enfant de remplacement sans véritable place personnelle devient un objet de deuil. Il est amené à la vie dans le deuil, pour le deuil de ceux qui l’ont procréé à défaut de pouvoir en effectuer eux-mêmes le travail ». Cet enfant de remplacement, » investi des fantasmes projetés par les parents sur l’enfant décédé, serait à cet égard toujours en défaut, l’enfant perdu et remplacé étant toujours idéalisé ».
Il apparaîtrait alors comme « l’objet fétichique de la mère, étant là pour porter le deuil de celui qui était avant lui et en faire le travail. Il est l’enfant d’une mère endeuillée d’un enfant. » (A. Sabbadini).
Comme l’a indiqué M. Porot, cet enfant, né dans une atmosphère de deuil non liquidé , identifié au mort dont on lui attribue la place, n’aurait pas le droit d’être lui-même et vivrait un sentiment de culpabilité paradoxal. Condamné à un non-être ou condamné à l’identique, auquel il lui serait difficile d’échapper, il souffrirait d’un sentiment de confusion de l’identité de soi.
Plus loin M. Porot (1996) indique encore que dans la survie de cet enfant, il y aurait comme une désignation. A propos de V. Van Gogh, célèbre « enfant de remplacement », V. Forrester décrit ce « frère mort dont il pense être, au mieux, le remplaçant, au pire, le meurtrier », « usurpant une place dans le monde des vivants ».
Si les parents se sentent coupables, voire tyrannisés par la culpabilité envers l’enfant perdu, ce deuil engendre aussi pour l’enfant de remplacement un sentiment paradoxal de culpabilité du survivant .
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue 75015
I. Yalom au théâtre Marigny le 4 juin 2012
Voici un événement à ne pas manquer !
Le 4 juin 2012 au Théâtre Marigny à Paris, Irvin Yalom sera présent pour une conférence unique à l’occasion de la parution de son dernier livre : Le Problème Spinoza, aux éditions Galaade.
Cette rencontre exceptionnelle est organisée avec le soutien de Psychologies Magazine.
Saluons cette promesse d’un moment d’exception. On y court...
Lire l’article précédent de Pagepsy consacré à I. Yalom, catégorie « Au coin du feu – Livres »
Catherine Montluc
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue Paris 15e
Autisme – Citation de F.Tustin
« Personne ne contestera que les enfants atteints d’autisme psychogénétique sont d’accès difficile. Ce qui fera peut-être problème, c’est l’idée qu’ils ne sont pas d’accès tout à fait impossible. »
Cette citation de F. Tustin (1989) , comme une incitation, pour tous ceux qui agissent dans la relation d’aide et le soin, à ne jamais s’arrêter, au delà et malgré les polémiques actuelles, à penser ces patients et les formes d’aide que l’on peut leur proposer. Car l’interdit de penser serait alors en miroir des processus de déliaison à l’oeuvre, ceux là-même qu’il s’agit justement de combattre.
Catherine Montluc
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue 75015
En séance avec un enfant – travail autour d’un médiateur
Les médiateurs peuvent être des outils précieux dans la relation thérapeutique avec l’enfant, comme le montre cet extrait d’une séance de travail avec un enfant, présentant un TED et commençant tout juste à accéder au langage verbal.
En cours de séance, l’enfant s’était assis par terre. Nous nous étions installée près de lui. Il jouait avec les petits wagons d’un train, les accrochait avec minutie les uns aux autres et se saisissait même de quelques figurines qu’il installait dans les wagons.
Mais au cours d’une de ces manipulations, l’enfant tira trop vivement sur l’un des wagons du train, qui se détacha. L’enfant nous tendit alors l’objet et articula, dans un souffle court, le mot « cassé ».
C’est la première fois que l’enfant prononçait en séance un mot autre que « papa », « maman » ou des quelques chiffres qu’il répétait en série.
L’événement ne tenait pas seulement au nouveau vocable prononcé par l’enfant et à sa pertinence en contexte mais aussi à son sens si particulier puisque une des problématiques majeures de cet enfant semblait être celle des processus de déliaison, des peurs et angoisses de discontinuité, de rupture, de désintégration.
Le travail a consisté à se saisir concrètement de l’occasion pour montrer à l’enfant comment réassembler l’objet « cassé ». Il s’agissait de retenir l’attention de l’enfant suffisamment pour que le train cassé, objet « décevant » ne soit pas purement et simplement annulé par l’enfant. Il s’agissait d’amener l’enfant à percevoir la possibilité de lui redonner forme, de réparer, d’anticiper une possibilité pour l’objet d’être à nouveau assemblé et entier. Il s’agissait aussi d’introduire lors de cette séance par la verbalisation devant l’enfant, la possibilité d’une nuance : ainsi partant du qualificatif « cassé », on choisit d’énoncer devant l’enfant ceux de « détaché »ou de « décroché ». L’idée était de tenter de proposer une autre forme de discontinuité qui, celle là, pourrait être acceptable pour cet enfant.
Via ce médiateur, on a ainsi pu travailler avec l’enfant très concrètement en l’aidant à « recoller » les morceaux du train, tout en s’appuyant sur cette caractéristique des médiateurs d’être à mi-chemin entre réalité externe et réalité interne. Ce travail a ainsi fonctionné comme une métaphore d’ une possibilité de liaison entre deux parties séparées, encourageant l’enfant à chercher, face à cette forme de frustration vécue dans la réalité externe, un remède dans un recours à un processus de mentalisation.
Quelques séances plus tard, l’enfant nous tendant un objet, prononça à nouveau le mot « cassé », attendant visiblement une nouvelle réparation.
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue 75015
Pourquoi utiliser des médiateurs dans la relation thérapeutique avec les enfants
Dans le travail avec les enfants, l’utilisation de médiateurs permet d’enrichir considérablement la palette de nos interactions, tout en portant une attention particulière aux éléments non verbaux.
Ces médiateurs (dessins, pâte à modeler, jeux…) s’avèrent d’autant plus essentiels dans le travail avec des enfants dont les capacités d’expression verbale sont inégales et parfois absentes.
Quelles sont les principales fonctions de ces médiateurs dans le travail avec les enfants?
Selon J.B. Chapelier, ces médiateurs ont la particularité de se présenter souvent comme un « équivalent du langage ». Support de la relation, ils permettent aux enfants « l’expression de leur monde interne », tout en facilitant l’échange avec l’autre. Ils pourraient ainsi « occuper une place dans l’espace transitionnel (D.W. Winnicott) ».
Les médiateurs servent alors » d’interprète entre la réalité psychique de l’enfant et la réalité externe « et permettent une « représentation des ressentis du monde interne de l’enfant qui devient dès lors « partageable » (notion de « médiateur malléable » de M. Milner« ).
Se situant précisément entre monde interne du sujet et réalité extérieure, ils peuvent aussi « aider à organiser la pensée de l’enfant à partir de l’expression d’affects« qui, sans ce recours aux médiateurs seraient restés inaccessibles ou déniés, affects qu’en tant que psychologue nous pouvons alors reprendre et verbaliser en présence de l’enfant. Ainsi, le recours aux médiateurs peut s’avérer dans certains cas, être un support précieux à la relation thérapeutique.
Catherine Montluc
-
Archives
- janvier 2022 (1)
- octobre 2020 (4)
- septembre 2020 (4)
- avril 2020 (2)
- mars 2020 (3)
- septembre 2018 (1)
- août 2018 (1)
- mai 2018 (1)
- avril 2016 (1)
- janvier 2016 (2)
- novembre 2015 (1)
- septembre 2015 (3)
-
Catégories
- Actualités
- actualités séminaires
- Addictions
- Au coin du feu – Livres
- Autisme
- Autisme TED
- Bibliotérapie
- Bienvenue sur Pagepsy
- Citations
- Cohérence Cardiaque
- concepts et pratique
- consultation
- coronavirus
- couple
- deuil
- EFT, Emotional Freedom Techniques, Education
- femmes
- identité narrative
- migration
- pépites de psy
- Psychanalyse
- Psychologie du sport
- psychologie energetique
- TED
- thérapie
- Thérapie de couple
- transgénérationnel
- Travail avec les enfants
- Uncategorized
- vidéo
-
RSS
Entries RSS
Comments RSS