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C. Montluc, psychologue

Lire Viktor Frankl

Trop peu de ses ouvrages sont traduits en français, mais fort heureusement quelques uns, essentiels, sont disponibles dans notre langue. Parmi ceux ci, on peut citer : « Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie » ou encore « Nos raisons de vivre. A l’école du sens de la vie »

Viktor Frankl (1905-1997) est autrichien.

Elève de Freud et d’Adler, il s’en éloignera pour développer sa propre conception : la thérapie par le sens de la vie ou « logothérapie ».

Rescapé des camps de concentration nazis, il enseigne la logothérapie en universités notamment aux USA, à Harvard, San Diego, Stanford …

Selon V. Frankl, la quête de l’homme serait avant tout celle du sens.

Ainsi s’il distingue plusieurs formes de névroses, Viktor Frankl en attribue certaines à l’incapacité de trouver un sens à sa vie et de se sentir responsable. Il s’appliquera avec ses patients à interroger ce vide existentiel et à répondre au besoin de la personne de donner un sens à sa vie.

V. Frankl citait souvent cette phrase de Nietzsche  » Celui qui a un « pourquoi » qui lui donne un but, peut vivre avec n’importe quel « comment » ».  V. Frankl nous en livre un témoignage d’une force exceptionnelle dans son ouvrage « Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie », livre où il retrace son expérience vécue des camps de la mort et la façon dont il a survécu. Il dira de ce livre-témoignage qu’il « traite de préoccupations actuelles et de la façon de dire « oui à la vie » en dépit de tous ses aspects tragiques« .

Lire V. Frankl permet de mieux réfléchir à la manière dont on peut aider l’individu à acquérir cette capacité humaine essentielle et à devenir responsable de sa vie.

A lire et relire, parce que Viktor Frankl savait mieux que personne conjuguer « existentiel » et « essentiel ».

Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e

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avril 21, 2012 Posted by | Au coin du feu - Livres, Uncategorized | , , , , , , , , , , | 6 commentaires

Penser les conduites addictives

Les approches psychanalytiques indiquent que les addictions seraient une « recherche d’un apport externe dont le sujet a besoin pour son équilibre et qu’il ne peut pas trouver au niveau de ses ressources internes » et une « tentative de maitrise d’un objet externe » (Jeammet P., 1997). Ou encore que la conduite addictive, qui se présente souvent comme une quête d’affranchissement de la dépendance affective, s’appuierait sur des « troubles de l’identification et des relations d’objet qui entraîneraient une dépendance aux objets externes » (P. Gutton, 1997).

O. Taïeb et al. (2008) en s’appuyant sur les travaux de P. Jeammet (1997) et de A. Green (1990) ont encore précisé que l’objet d’addiction serait toujours extérieur, toujours à la disposition du sujet dans une relation d’emprise réciproque et servirait de pare-excitations et d’enveloppe protectrice, évitant au sujet à la fois des angoisses de perte et des angoisses d’intrusion.

Ces éléments permettent de mieux penser les patients souffrant d’addictions et de proposer des pistes pour une prise en charge thérapeutique adaptée, répondant aux problématiques spécifiques du sujet avec addiction. Ils permettent en même temps de penser une importante spécificité de la relation thérapeutique avec ces patients.

Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e

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avril 21, 2012 Posted by | Addictions, Uncategorized | , , , , , , , , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Alexithymie et addiction

« L’un des buts du comportement addictif est de se débarrasser de ses affects ! (mettre) un écran de fumée sur la quasi-totalité de son expérience affective » (McDougall J.).

La dimension d‘alexithymie, terme inventé par Sifnéos caractérise l’absence de mots pour exprimer ses émotions (a: privatif; lexi: mots; thymie: émotions, humeur). En 1970, Sifneos a défini l’alexithymie comme un déficit : « une vie fantasmatique pauvre avec comme résultat (…) une tendance à utiliser l’action pour éviter les conflits et les situations stressantes, une restriction marquée dans l’expression des émotions et particulièrement une difficulté à trouver les mots pour décrire ses sentiments ». Elle serait « une inhabilité à pouvoir faire des connexions entre les émotions et les idées, les pensées, les fantasmes, qui en général les accompagnent ».

Rappelons avec I. Varescon (2007) que les études sur l’alexithymie ont indiqué une prévalence de cette caractéristique dans les conduites de dépendance.

Cette prévalence serait en lien comme l’a écrit C. Jouanne (2006) avec les troubles de la régulation émotionnelle chez ces sujets.  Les relations de dépendance engagées par les sujets alexithymiques envers des objets seraient une défense contre une dépendance affective menaçante pour leur identité. L’alexithymie pourrait ainsi s’envisager selon C. Jouanne, plus que sur le versant déficitaire comme  un « processus adaptatif, défense, gel pulsionnel, émotionnel, visant à protéger le sujet ».

I. Varescon (2009) a aussi souligné que les troubles émotionnels en termes de déficit ou régulation étaient un facteur de risque et de maintien des addictions comportementales ou « sans drogue » et de nombreuses études ont mis en évidence une corrélation positive entre alexithymie et dépression (Jouanne C., 2006).

L’alexithymie favoriserait le recours à l’addiction qui renforcerait « la défense jusqu’à la structurer du fait de l’appauvrissement relationnel qu’elle engendre et perpétue ».

Ailleurs, Corcos M et al. (2007) ont insisté sur l’alexithymie comme mécanisme de défense contre la dépression. Ils ont évoqué «  l’idée d’une défaillance du Symbolique ou/et de la représentation des émotions chez certains sujets. L’alexithymie renverrait à une position première dans le développement normal (…) sur laquelle l’activité psychique du sujet (…) se développe en fonction de la nourriture objectale (valeur émotionnelle, capacité de rêverie). Si le sujet régresse à cette position archaïque c’est que les liens noués dans l’enfance se sont nourris, pour une part, dans certaines interactions affectives de carence. Cette position régressive (…) protègerait de la dépression essentielle. ».

Catherine Montluc
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avril 18, 2012 Posted by | Addictions | , , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

La question de l’identité dans les addictions

Nombre d’auteurs qui ont écrit sur les addictions ont souligné l’importance de cette question de l’identité dans les problématiques de l’addiction.

Pedinielli J.L. et al. (1997) ont indiqué que si la majorité des travaux avait montré que l’addiction pouvait avoir des vertus sédatives, elle comportait aussi, selon les théories psychanalytiques, une fonction restitutive de l’identité.

G. Pirlot (2009) a exploré ce lien entre « addiction et problématique identitaire » :  le comportement « addictif » apparaissant comme un processus mettant en jeu un système de récompense lorsque, faute de « tonus psychique de base » et de « tonus de base identitaire », l’appareil psychique ne parvenait pas à réguler par lui-même ses conflits ou émotions en excès.

Ainsi un « déficit » de construction identitaire chez un individu serait propice au développement de comportements d’addiction.

D’autres auteurs, parmi lesquels P. Jeammet, ont indiqué aussi que le sentiment de sécurité intérieure semblant manquer au sujet, les addictions auraient fonction de compromis, en mettant sous emprise un élément de réalité extérieure, avec pour enjeu central la sauvegarde de l’identité (selon l’indication de Pedinielli et al., 1997).

O. Taïeb et al. (2008) ont aussi souligné qu’il était d’autant plus nécessaire de s’intéresser à la construction de l’objet « addiction » que les patients avec addictions, « face à la fragilité de leurs assises narcissiques, utilisent de façon prédominante la réalité externe pour sauvegarder leur identité »  Jeammet P. ( 1997) et organiser l’équilibre psychique interne.

Catherine Montluc

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avril 18, 2012 Posted by | Addictions | , , , , , , , | Laisser un commentaire

Encourager l’inscription du patient dans une temporalité orientée

En prolongement de sa réflexion,  P. Ricoeur, pour qui les « récits littéraires et histoires de vie, loin de s’exclure, se complètent » (1990), a développé l’idée du « secours de la fiction ».

Elle permettrait de trouver des repères temporels indispensables pour saisir notre expérience : « C’est précisément en raison du caractère évasif de la vie réelle que nous avons besoin du secours de la fiction pour organiser cette dernière rétrospectivement ».

La lecture du récit permettrait au lecteur de « refigurer » son expérience temporelle. (Ricœur P. ,1995).

Cette idée souligne à nouveau l’intérêt de la lecture de récits pour les patients.

En tant que psychologue, nous travaillons souvent lors des entretiens thérapeutiques avec les patients sur cette question de la temporalité.

Bien des troubles semblent liés à une difficulté pour les patients de s’inscrire dans une temporalité orientée et ayant un sens. Qu’il s’agisse de troubles de l’humeur, de dépression où les patients excluent les nouvelles possibilités du futur et ressassent parfois le passé dans une fixité délétère, ou des troubles psychotiques où se superposent plusieurs temporalités dans le même instant…

Encourager une inscription dans une temporalité ordonnée, au sein de la relation thérapeutique, en suscitant en particulier la narration, apparaît souvent comme l’une des clés du mieux être des patients.

Catherine Montluc

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avril 11, 2012 Posted by | identité narrative, Uncategorized | , , , , , , , | Laisser un commentaire

Aider le patient à accéder à une identité narrative porteuse de sens pour lui

L’idée de l’apport en pratique psychothérapeutique d’un travail autour de la lecture de romans (bibliothérapie) ,  semble très intéressante si on l’envisage comme complémentaire de la narration encouragée par l’entretien thérapeutique. Elle pourrait permettre aux patients d’accéder à une identité narrative, de s’inscrire dans une temporalité ayant un sens et une intelligibilité et d’accéder à des changements de représentations de soi et du monde

Identité narrative

P. Ricoeur a développé et précisé ce concept d’« identité narrative » . Selon lui (1996), le récit offrirait une médiation entre identité mêmeté « malgré le temps, substantielle ou structurale » et identité ipséité « à travers le temps, mémorielle et promissive ». Les variations imaginatives auxquelles le lecteur accède par des propositions plurielles de rôles, de personnages, de situations, permet à l’identité « de ne pas devenir une autobiographie définitive qui équivaudrait à un ci-git pre mortem » (M.A. Ouaknin , 1994). Le livre réalise cette médiation essentielle par laquelle le lecteur « se défait de cette coïncidence de soi avec soi où le même « étouffe » sous lui-même »  (E. Levinas, 1974).

Soulignons que l’entretien thérapeutique procède pour partie de cette même démarche articulée autour de la narration, en vue pour le patient de conter sa propre histoire, de se raconter et d’accéder à une intelligibilité et à une possibilité de donner du sens à son histoire. La dimension narrative en apparait comme une clé, en métamorphosant une temporalité muette en une temporalité orientée et ayant un sens, en articulant et clarifiant l’expérience temporelle.

C’est en grande partie cette capacité à entrer dans une histoire porteuse de sens, qu’il s’agit souvent de susciter chez les patients dans la relation thérapeutique.

Catherine Montluc

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avril 7, 2012 Posted by | identité narrative, Uncategorized | , , , , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Le « secours de la fiction », P. Ricoeur

Sur la fonction d’étayage et les bénéfices si particuliers du lire, nous reprenons ici les propos d’ A. Finkielkraut ou d’E. Orsenna (La Grande Librairie » – 2009 )

A. Finkielkraut : « Il y a deux sortes de livres, ceux qu’on a lu et ceux qu’on ne referme jamais… L’œuvre a un lien avec le monde et nous avons besoin de ce détour pour mieux comprendre ce qu’il en est de nous dans ce monde »

E. Orsenna : « Il n’y a étrangement pas de fonction à la littérature mais une sorte d’utilité supérieure : tisser des liens avec la vie de tous les jours ».

P. Ricœur (1985) avait formulé que la fonction de la lecture était d’être

« révélante et transformante à l’égard de la pratique quotidienne;

révélante, en ce sens qu’elle porte au jour des traits dissimulés, mais déjà dessinés au cœur de notre expérience praxique ;

transformante, en ce sens qu’une vie ainsi examinée est une vie changée ».

Catherine Montluc

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avril 3, 2012 Posted by | Uncategorized | , , , , | Un commentaire

Les vertus du roman – bibliothérapie

Le Pr Lejoyeux M. (2007) a déjà vanté les vertus du roman :  : « Je crois (…) au pouvoir psychothérapique et libérateur des gros romans (…) Ils pèsent sur nos bras et allègent notre esprit (…) Nous lisons notre histoire en croyant suivre une aventure extérieure. Stendhal écrivait déjà qu’un roman est (…) « un miroir que l’on promène le long d’un chemin » (…) Les romans (…) nous libèrent de nos émotions du moment (…), nous apaisent en changeant la thématique de nos angoisses. Ils nous sèvrent d’un présent que nous ne savons pas toujours comment fuir. ».

A. Memmi a également proposé ce développement intéressant sur le thème de la littérature: « L’art (…) nous propose un substitut magnificient de nos existences… réponse idéelle à des difficultés réelles ou imaginaires. C’est évident dans les œuvres de littérature à cause de leur forme discursive (…). Lorsque l’écriture fut inventée (…) ce n’était d’abord qu’un outil» écrit-il « on s’avisa de ses extraordinaires possibilités d’expression, de fixation, de transmission de l’ensemble de l’expérience humaine : on passa de l’écriture à la littérature.(…) La littérature est une vie rêvée selon les désirs de l’auteur et ceux du lecteur.»

Outre ces réponses à des difficultés quotidiennes offertes par la lecture et un accès au désir et au rêve, cette citation insiste sur la capacité de transmission de l’expérience humaine par le livre. P. Quignard l’a évoqué lui aussi dans La Grande Librairie (2009) : « Dans la lecture il y a quelque chose qui perd l’identité... un effacement qui fait que, de livre en livre, quelque chose de l’expérience humaine se transmet », octroyant ainsi une place à la question de l’identité et nous donnant des clés pour penser un apport de la lecture, dans nos pratiques.

Catherine Montluc

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avril 3, 2012 Posted by | Uncategorized | , , , , , , , , , | Laisser un commentaire