Autisme et contagion
Etre soignant auprès d’enfants autistes fait souvent vivre des mouvements et des investissements contrastés et intenses, en miroir de ceux de l’enfant. La possibilité alors pour le thérapeute de se soumettre au regard et à la critique d’autres soignants, dans un échange pluridisciplinaire , et de s’adosser à un travail en collectif et en institution, apparaît comme un atout, évitant au soignant de succomber à cette « contagion de l’autisme » et de se perdre avec l’enfant dans une position fusionnelle.
A la fascination de l’enfant, à l’illusion d’être seul à pouvoir l’aider, à un attachement exacerbé à l’enfant, menacent en effet de succéder la désillusion, un sentiment d’incompétence pouvant atteindre parfois au rejet. Hochmann écrit : « Contenir pour le soignant c’est d’abord se contenir, résister aux effets morcelant de la rencontre avec l’enfant. Celui-ci est habile à briser les liens entre nos pensées quand elles le concernent et à nous plonger dans un état de confusion dont nous pouvons chercher à sortir soudain par un mouvement passionnel, une colère subite ou une dépression passagère… Or, les soignants sont les garants symboliques de la continuité spatio-temporelle de l’enfant dont ils ont la responsabilité. »
De son côté aussi, l’enfant est susceptible de développer un attachement exclusif à un soignant, qui ne supporterait aucun manquement. L’étayage sur un collectif soignant peut alors jouer pour l’enfant comme un pare-excitation, un « bruit de fond » atténuant l’intensité de la rencontre et relançant, ce faisant, ses possibilités d’évolution .
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Voir les articles précédents sur le sujet
Le « secours de la fiction », P. Ricoeur
Sur la fonction d’étayage et les bénéfices si particuliers du lire, nous reprenons ici les propos d’ A. Finkielkraut ou d’E. Orsenna (La Grande Librairie » – 2009 )
A. Finkielkraut : « Il y a deux sortes de livres, ceux qu’on a lu et ceux qu’on ne referme jamais… L’œuvre a un lien avec le monde et nous avons besoin de ce détour pour mieux comprendre ce qu’il en est de nous dans ce monde »
E. Orsenna : « Il n’y a étrangement pas de fonction à la littérature mais une sorte d’utilité supérieure : tisser des liens avec la vie de tous les jours ».
P. Ricœur (1985) avait formulé que la fonction de la lecture était d’être
« révélante et transformante à l’égard de la pratique quotidienne;
révélante, en ce sens qu’elle porte au jour des traits dissimulés, mais déjà dessinés au cœur de notre expérience praxique ;
transformante, en ce sens qu’une vie ainsi examinée est une vie changée ».
Catherine Montluc
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