Bibliothérapie
Dans la mouvance des deux précédents articles sur « Lecture et dépendance », voici de quoi enrichir la réflexion sur un apport dans la pratique psychothérapeutique de la lecture, idée partagée par ceux qui s’intéressent à ce qu’on appelle la « bibliothérapie ». C’est à travers les écrits de Paul Ricoeur et d’Umberto Eco notamment que des clés nous sont données.
P. Ricoeur (1986) nous le rappelait : le lecteur ne fait pas qu’imposer au texte « sa propre capacité finie de comprendre, mais il s’expose aussi à recevoir de lui un soi plus vaste. ».
U. Eco (1979) a, quant à lui, mis en évidence à travers la notion de coopération textuelle, que « le texte postule la coopération du lecteur comme condition d’actualisation » et qu’« un texte est un produit dont le sort interprétatif doit faire partie de son propre mécanisme génératif », l’interprétation ne venant pas après le livre, mais faisant partie du livre lui-même.
En ce sens, le lecteur n’entrerait pas, passif, dans un texte aux sens figés. La lecture est une coproduction entre l’auteur et le lecteur, toujours singulière et créatrice de sens multiples. « Lecteur, je ne me trouve qu’en me perdant. La lecture m’introduit dans des variations imaginatives de l’ego » a écrit P. Ricœur (1986).
Au regard de ces thèses, la lecture apparait comme un acte créatif, forçant l’imagination et réclamant une capacité d’étonnement et de changement du lecteur qui s’y adonne.
Lire serait ainsi être ouvert à la rencontre de l’étrangeté la plus radicale, le récit de l’autre venant, comme l’écrit M.A. Ouaknin (1994), « faire fracture » en soi pour ouvrir à une autre dimension du monde et à soi-même.
P.H. Tavoillot dans son article du Point (2004), a souligné à sa manière cette fonction du récit qui « nous sort d’une conception fixiste ou figée de l’identité : ni totalement à découvrir (comme une chose pré-donnée), ni seulement à inventer (comme un artifice). »
Ces quelques pistes de réflexion me semblent bien entendu avantageusement alimenter le travail du psychologue, si ce n’est directement par la bibliothérapie, du moins par la réflexion et le cheminement qu’elles soulignent, tant il est important que nous puissions encourager nos patients à se (re)construire au travers d’une identité narrative dynamique et porteuse de sens pour eux.
Catherine Montluc
Voir les articles précédents sur « lecture et dépendance »
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