Encourager le patient à s’inscrire dans une temporalité orientée
Selon P. Ricoeur « récits littéraires et histoires de vie, loin de s’exclure, se complètent » (1990), . P. Ricoeur a ainsi développé l’idée du « secours de la fiction ».
Elle permettrait de trouver des repères temporels indispensables pour saisir notre expérience : « C’est précisément en raison du caractère évasif de la vie réelle que nous avons besoin du secours de la fiction pour organiser cette dernière rétrospectivement ». La lecture du récit permettrait au lecteur de « refigurer » son expérience temporelle. (Ricœur P. ,1995).
En tant que psychologue, nous travaillons souvent lors des entretiens thérapeutiques avec les patients sur cette question de la temporalité.
Bien des troubles semblent liés à une difficulté pour les patients de s’inscrire dans une temporalité orientée et ayant un sens. Qu’il s’agisse de troubles de l’humeur, de dépression où les patients excluent les nouvelles possibilités du futur et ressassent parfois le passé dans une fixité délétère, ou des troubles psychotiques où se superposent plusieurs temporalités dans le même instant…
Encourager une inscription dans une temporalité ordonnée, au sein de la relation thérapeutique, en suscitant en particulier la narration, apparaît souvent comme l’une des clés du mieux être des patients.
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Cryptes et fantômes
N. Abraham et M. Torök ont décrit dans leur livre* les inclusions qu’ils nomment « cryptes » au sein du Moi, séquelles enkystées de deuils familiaux non liquidés. Le fonctionnement psychique d’un enfant au contact d’un parent porteur de crypte serait affecté d’une façon que ces auteurs ont désigné sous le terme de « travail du fantôme au sein de l’inconscient » (1978). N. Abraham écrit : « le fantôme qui revient hanter est le témoignage de l’existence d’un mort enterré dans l’autre ». Le fantôme résulterait ainsi des effets sur l’inconscient de la crypte d’un autre, des effets de son secret enfoui.
A. Ancelin Schützenberger ** écrit à ce sujet : « Le « fantôme » semble poursuivre son œuvre en silence et en secret. Il se manifeste par des mots occultés, par un non-dit, par un silence, par des béances dans la réalité, des lacunes laissées en soi par les secrets d’un autre. »
* ABRAHAM N. et TORÖK M. (1978), L’écorce et le noyau, Flammarion
**Anne Ancelin Schützenberger, Aïe mes Aïeux, DDB 1998
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Iris, autiste peintre
En cette fin d’année, une jolie note de couleurs et de gaité à travers cet article publié sur DGS, ou quand autisme, art et talent se conjuguent intimement sur la toile…
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Art et Psychanalyse – conférence de JD Nasio
A signaler, la conférence de J.D. Nasio
le vendredi 24 janvier :
» Vallotton ou l’amertume et l’angoisse sublimées »
inscription auprès des Séminaires psychanalytiques de Paris au
01 46 47 66 04.
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Conférences – cycle 2014
Signalons la poursuite des conférences organisées par les Séminaires Psychanalytiques de Paris sur le thème « 7 emotions en Psychanalyse » de décembre à juin 2014. Au programme cette année :
7 ÉMOTIONS (Suite) |
7 Conférences le Mercredi ou le Samedi |
J.-D. NASIO |
DOULEUR |
11 ou |
|
A. CICCONEA. FERRANT |
HONTE |
15 ou |
|
M. VALLEUR |
PASSION |
5 ou 8 février |
|
G. BONNET |
VENGEANCE |
12 ou 15 mars |
|
D. BERTHON |
DÉGOÛT |
2 ou 5 avril |
|
S. LACOMBEMme D. SÉROUGNE |
NARCISSISME |
14 ou 17 mai |
|
Mme D. BOURDIN |
PLAISIR |
31 mai ou 11 juin |
Lieu : Espace Reuilly, 21, rue Hénard, Paris 12- Tel : 01 46 47 66 04
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Autisme – Citation F. Tustin
« Personne ne contestera que les enfants atteints d’autisme psychogénétique sont d’accès difficile. Ce qui fera peut-être problème, c’est l’idée qu’ils ne sont pas d’accès tout à fait impossible. »
Cette citation de F. Tustin (1989) , comme une incitation, pour tous ceux qui agissent dans la relation d’aide et le soin, à ne jamais s’arrêter, au delà et malgré les polémiques actuelles, à penser ces patients et les formes d’aide que l’on peut leur proposer. Car l’interdit de penser serait alors en miroir des processus de déliaison à l’oeuvre, ceux là-même qu’il s’agit justement de combattre.
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Fonction du conflit et thérapie de couple
Pour tous ceux qui s’intéressent à la thérapie de couple, J.G. Lemaire* a souligné cette fonction essentielle du conflit dans le couple.
Ainsi écrit-il » Le couple oscille toujours entre l’aspiration fusionnelle et les besoins défensifs de cette individuation jamais totalement assurée... »
Il souligne la spécificité dans le couple des « processus d’inclusion mutuelle qui, même lorsqu’ils s’accompagnent de jouissance libidinale et de complétude narcissique, mettent cependant en danger l’individuation psychique de chacun des partenaires, obligeant parfois à une agressivité réactive. Telle est » écrit il « précisément la fonction essentielle des conflits, dont il faut prendre en compte la dimension positive et la valeur de signe plutôt que de chercher à les supprimer ! Le conflit traduit ce mouvement dialectique et il est à considérer comme le point d’ancrage de la psychothérapie. »
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
* J-G Lemaire » Les mots du couple » , Payot
L’ Art de la thérapie, par I. Yalom
A lire pour son humanisme éclairé, un humanisme en action : il s’agit du dernier ouvrage d’Irvin D. Yalom, psychiatre, psychothérapeute et écrivain renommé.
Il vient de publier » L’Art de la thérapie » aux Editions Galaade, nous donnant ainsi à lire sa passion pour ce métier qu’il exerce avec tant de talent et d’authenticité depuis maintenant 46 ans …
Voir nos précédents articles sur I. Yalom
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Séminaire « La douleur »
La prochaine « Journée scientifique » du Laboratoire de Psychologie Clinique et Psychopathologie (LPCP), organisée par le Pr Catherine Chabert et la revue Carnet Psy, sera consacrée au thème de
« La douleur »
Elle aura lieu le samedi 16 novembre 2013 à la faculté de Médecine – 75006 Paris .
Parmi les intervenants : Jacques André, Catherine Azoulay, Catherine Chabert, Maurice Corcos, Vincent Estellon, Bernard Golse, Sylvain Missonnier ….
Plus d’informations sur http://www.carnetpsy.com
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Langage verbal et autisme (2)
Toujours au sujet de l’émergence du langage verbal chez les enfants autistes, soulignons que G. Haag * (1996) a indiqué qu’il ne fallait pas que l’expression des mots soit vécue par ces enfants autistes comme l’écoulement d’une substance corporelle.
Ainsi la parole émise avec le dos collé, ou de côté et le pointage semblent répondre à cette contrainte et à protéger l’enfant d’une angoisse de se vider en parlant.
De même, elle a souligné le fait que c’est parfois, au milieu d’un flot incompréhensible de syllabes, que peut advenir l’émergence d’un mot bien articulé. Ce jargon constitué de syllabes incompréhensibles apparaîtrait alors comme un compromis entre désir de parler et défense, en constituant une enveloppe protectrice autour du mot comme pour éviter justement un vécu de rupture.
* HAAG G. (1996), Réflexions sur quelques particularités des émergences de langage chez les enfants autistes, Journal de pédiatrie et de puériculture, Vol. 9
Voir l’article précédent sur ce sujet publié dans Pagepsy
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Autisme – Journée du 2 avril
Rappelons le, aujourd’hui, 2 avril, c’est la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, déclaré Grande cause nationale en 2012… A cette occasion, 250 monuments dans le monde s’habillent d’éclairages bleus… Lire nos précédents billets sur le sujet
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Visiter d’autres sites : Voir le site de l’institut Pasteur, Voir le site Autisme France
Lecture et changement
Toujours à l’occasion du Salon du livre, revenons sur l’activité de lire et ses retentissements psychologiques :
La lecture est, nous l’avons évoqué, une coproduction entre l’auteur et le lecteur, toujours singulière et créatrice de sens multiples. Elle apparaît comme une mise à jour de nouvelles propositions de monde pour, en les habitant, entrer dans un mouvement conduisant au changement, à un être-autrement.
« Lecteur, je ne me trouve qu’en me perdant. La lecture m’introduit dans des variations imaginatives de l’ego » a écrit P. Ricœur (1986).
Il est à retenir que le lecteur n’entrerait pas, passif, dans un texte aux sens figés : « il existe toujours chez le lecteur une activité prévisionnelle et des promenades inférentielles » (U. Eco, 1979).
La lecture aurait ainsi un impact sur l’expérience quotidienne du lecteur, aboutissant à un élargissement ou un changement de son horizon, propriété plus précisément associée aux œuvres de fiction auxquelles « nous devons pour une grande part l’élargissement de notre horizon d’existence » (Ricœur P., 1983).
Voir le billet précédent sur ce thème
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Vient de paraître
Les traductions françaises de l’oeuvre Viktor E. Frankl sont bien trop rares ! C’est ce que nous déplorions dans un article précédent.. .
Il semble que nous n’étions pas les seuls à le regretter puisque les éditions InterEditions viennent de rééditer son livre « Le Dieu inconscient », paru pour la première fois en France en 1975. A lire pour le souffle humaniste qui traverse toute son oeuvre et la pureté de sa pensée et de sa pratique clinique.
Voir les précédents articles de ce blog consacré à Viktor E. Frankl
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Hospitalisme – Séminaire
A signaler, la conférence de Mme D. CANDILIS-HUISMAN, Jeudi 11 avril 2013, de 14h à 17h à l’Espace Reuilly, 21, rue Hénard, 75012 Paris consacrée à « L’Hospitalisme, Le bébé séparé de sa mère », organisée par les SÉMINAIRES PSYCHANALYTIQUES DE PARIS. Renseignements au 01 46 47 66 04
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Grossesse et relation thérapeutique
En perspective de la prochaine conférence donnée par Monique Bydlowski* ( le 11 avril prochain au matin à l’espace Reuilly, journée organisée par les Séminaires Psychanalytiques de Paris), sur les liens précoces entre le bébé et sa mère, voici une citation extraite de son livre*, qui précise la spécificité de la relation thérapeutique à la femme enceinte.
« La grossesse est donc ce moment privilégié de transparence psychique au cours duquel peut s’opérer une sorte d’alliance thérapeutique avec le narcissisme maternel. Cette alliance favorisera le dévoilement de fantasmes et de souvenirs ordinairement refoulés dont on sait aujourd’hui combien ils pourront peser sur l’enfant qui grandit. Partagés avec le thérapeute, tel souvenir chargé d’affect, tel fantasme invasif perdront leur charge émotionnelle. Elle se dissoudra au fil des entretiens, favorisant ainsi une plus grande disponibilité de la jeune mère envers son nouveau-né. En s’adressant au narcissisme maternel, il suffit ainsi, souvent, pour restaurer l’enfant qu’elle porte, de réparer celui qu’elle a été. »
*« La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité. »
Voir le billet précédent consacré au concept de transparence psychique de Monique Bydlowski*,
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Ambivalence et paradoxalité
H. Sztulman, dans un texte d’inspiration freudienne sur les états limites, utilise le Mythe de Persée pour illustrer le concept de paradoxalité, un mode d’organisation psychique particulier avec sa fonction et ses effets. Il précise « Alors que la fonction du conflit psychique est de tenter de lier les termes en opposition, à l’inverse, la fonction de la paradoxalité est d’essayer d’éviter le conflit (interpersonnel, intrapsychique…). »
Or, écrit-il « le conflit fonde l’essence même de l’existence d’une vie psychique, en créant des liens, même s’il s’agit de liens d’opposition. Au contraire, dans la déliaison psychique le conflit disparaît, rapprochant le sujet de la pulsion de mort. Le paradoxe, défense la plus radicale et la plus efficace pour lutter contre l’ambivalence, en liant les contraires annule le conflit psychique, mais l’opération se fait au risque de la dissociation psychotique. »
Encore selon H. Sztulman , « tout comme Oedipe, Persée fut l’objet d’un terrible destin : fruit d’amours interdites, il était promis à tuer son grand-père. Il dut affronter plusieurs épreuves jusqu’à l’ultime confrontation avec la Méduse, dont il parvint à trancher la tête.
Une fois la tête de Méduse tranchée, deux flots de sang distincts jaillirent de son cou : l’un était un poison mortel tuant instantanément toute personne entrant en contact avec lui ; l’autre, était un nectar possédant la propriété de guérir les malades et de ressusciter les morts. Ainsi, la levée du paradoxe libère et remet en circulation des courants pulsionnels intriqués qui fondent l’ambivalence, alors que ces deux flots avaient toujours été conjoints dans le paradoxe. «
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Cryptes et fantômes, de l’indicible à l’innommable
N. Abraham et M. Torök ont décrit dans leur livre* les inclusions qu’ils nomment « cryptes » au sein du Moi, séquelles enkystées de deuils familiaux non liquidés. Le fonctionnement psychique d’un enfant au contact d’un parent porteur de crypte serait affecté d’une façon que ces auteurs ont désigné sous le terme de « travail du fantôme au sein de l’inconscient » (1978). N. Abraham écrit : « le fantôme qui revient hanter est le témoignage de l’existence d’un mort enterré dans l’autre ». Le fantôme résulterait ainsi des effets sur l’inconscient de la crypte d’un autre, des effets de son secret enfoui.
Quand un travail d’élaboration psychique ne se fait pas à une génération, il en résulterait pour les enfants de la génération suivante un clivage qui constituerait une « véritable préhistoire de leur histoire personnelle ». L’enfant devrait ainsi composer non pas avec une expérience traumatique personnelle, mais avec le clivage du ou des parents dont il dépend psychiquement. Il serait porteur d’un « fantôme ».
Pour l’enfant les évènements ne seraient pas seulement « indicibles » mais « innommables », ne pouvant faire l’objet d’aucune représentation verbale. Leurs contenus seraient ignorés et seule leur existence serait pressentie et interrogée. Les deuils non liquidés pourraient ainsi atteindre, sous des formes différentes, tout le système familial sur plusieurs générations.
A. Ancelin Schützenberger ** écrit à ce sujet : « Le « fantôme » semble poursuivre son œuvre en silence et en secret. Il se manifeste par des mots occultés, par un non-dit, par un silence, par des béances dans la réalité, des lacunes laissées en soi par les secrets d’un autre. »
* ABRAHAM N. et TORÖK M. (1978), L’écorce et le noyau, Flammarion
**Anne Ancelin Schützenberger, Aïe mes Aïeux, DDB 1998
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Citation – J. Hochmann – Autisme
Hochmann J. (1984) : « L’autisme est un phénomène contagieux. L’enfant autiste par l’énigme qu’il représente, par la fascination qu’imposent son isolement, ses conduites répétitives et parfois ses talents paradoxaux, par l’emprise qu’il exerce autour de lui avec sa persistance dans l’immuable et par la véritable blessure qu’inflige à autrui le spectacle de ses crises d’angoisses dramatiques, modifie tous ceux qui l’approchent. Il est habile à susciter des fantasmes de toute puissance, à laisser croire à ses parents, ou à ses thérapeutes qu’eux seuls sont capables de le comprendre et possèdent la bonne manière de l’aider… mais la réalité se hâte de démentir les sentiments d’omnipotence. ».
Tenté successivement par la fascination ou l’abandon, le soignant doit avant tout à s’efforcer de maintenir une constante créativité dans sa relation à l’enfant autiste, créativité qui bien que « mise continuellement à mal par l’entropie psychotique » apparaîtrait comme renouvelant les possibilités d’évolution de l’enfant.
*J. Hochmann (1984) Pour soigner l’enfant psychotique. Odile Jacob
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Consulter le précédent billet sur ce thème
Journées d’étude : attachement et séparation
Puisque nous avons récemment publié un billet sur le concept de transparence psychique de Monique Bydlowski*, nous signalons sa présence lors des journées d’étude consacrées à l’attachement et la séparation entre le bébé et sa mère.
Ces journées sont organisées par les Séminaires Psychanalytiques de Paris, les 11 et 12 avril prochains
Catherine Montluc, Psychologue 75015
« La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité. »
V. Frankl : « Vivre comme si c’était la seconde fois »
Pour mieux comprendre l’approche de V. Frankl, on peut s’arrêter sur cette citation tirée de son livre « Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie » :
» L’importance de la responsabilité se reflète dans ce défi (…) : vivre comme si c’était la seconde fois. Il me semble que rien ne saurait davantage stimuler le sens des responsabilités que cette maxime. (…) On se trouve ainsi confronté tant au caractère limité de la vie qu’au caractère irrévocable de ce qu’on fait de sa vie et de soi- même. »
Rappelons que V. Frankl a enseigné la logothérapie dans plusieurs universités, notamment aux USA, à Harvard, San Diego, Stanford … et que, rescapé des camps de concentration nazis, il s’est intéressé à cette quête du sens de la vie, selon lui, centrale chez l’homme.
En savoir plus sur Victor E. Frankl en lisant un précédent article de pagepsy ou cet autre
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Victor E. Frankl, une tension inhérente à l’être humain
Victor E. Frankl* :
» la santé mentale est fondée sur un certain degré de tension entre ce que nous avons déjà réalisé et ce qui nous reste à réaliser ou sur la différence entre ce qu’on est et ce qu’on devrait être. Cette tension étant inhérente à l’être humain et donc indispensable à sa santé mentale, on ne devrait pas hésiter à le confronter avec le sens de sa vie. Ainsi, ce sens passera chez lui d’un état subconscient à un état conscient. A mon avis, il est risqué de croire que la santé mentale dépend avant tout d’un équilibre intérieur dénué de toute tension. Ce dont l’humain a besoin, ce n’est pas de vivre sans tension » … » Il a besoin, non de se libérer de sa tension, mais plutôt de se sentir appelé à accomplir quelque chose. «
Et de préciser le rôle du thérapeute et ses exigences :
« Donc, si le thérapeute veut renforcer la santé mentale de son client, il ne doit pas craindre de créer en lui une tension lorsqu’il essaie de l’orienter vers la recherche d’un but à atteindre. »
En savoir plus sur Victor E. Frankl en lisant un précédent article de pagepsy
Catherine Montluc, Psychologue 75015
« Decouvrir un sens à sa vie avec la logotjérapie » V. E. Frankl
Sentiment de détresse et rupture migratoire
Grinberg L., Grinberg R. (1986) * précisent que le sentiment de détresse ressenti par certains migrants suite à la rupture migratoire serait lui-même
« basé originellement sur le modèle du traumatisme de la naissance (O. Rank) et sur la perte de la mère protectrice. Cela correspondrait aussi à l’expérience de la perte de l’« objet contenant » (Bion), qui entraîne comme conséquence la menace, dans des situations extrêmes, de désintégration et de dissolution moïque, avec perte des limites du Moi. Ce risque est perçu avec plus d’intensité, lorsque dans l’enfance on a subi des situations importantes de carence et de séparation, avec pour conséquence un vécu d’angoisse et de détresse » .
* GRINBERG L., GRINBERG R., (1986), Psychanalyse du migrant et de l’exilé. Cesura Lyon Editions, coll. Psychanalyse.
Voir l’article précédent sur le même thème.
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Une rupture migratoire « toujours marquante »
« Éloignés du lieu de leurs ancrages narcissiques et de leurs repères symboliques, coupés des parfums et des saveurs du pays natal, ils [ces personnes que l’on nomme les immigrés] se retrouvent dans un contexte qui n’est plus soutenu par du familier. Ce déplacement vient réactiver les blessures infantiles et rendre plus lancinante la séparation d’avec l’objet du désir ; d’où parfois pour certains le vécu dépressif...» Stitou R., 1997
Sur la rupture migratoire, D. Calin souligne aussi (2003) qu’elle est toujours marquante, en sa forme radicale de changement de positionnement social. Les projections fantasmatiques sur les conditions d’arrivée et de vie dans le pays d’accueil sont souvent éloignées de la réalité, et les désillusions, souvent brutales. Cette rupture générerait chez nombre de migrants une crise identitaire, lancinante ou aiguë, et indirectement aussi, chez leurs descendants.
Acteurs de la rupture avec le groupe d’appartenance, les parents auraient parfois, comme l’indique E. Rude Antoine (2001) «un fantasme d’illégitimité». Quand la recomposition identitaire est difficile pour des parents qui se sentent parfois blessés par la migration, l’élaboration identitaire des enfants pourrait aussi être entravée, ceci étant accentué par le vécu de dévalorisation parentale. Ces enfants se présenteraient alors souvent comme des victimes de leur histoire, avec parfois des sentiments de honte, d’humiliation ou des tendances auto-destructrices. E. Rude Antoine (2001) indique aussi que les récits de ces enfants montrent « une culpabilité en lien avec l’histoire que les parents portent et dont ils sont héritiers, notamment le sentiment d’une double faute, celle liée à l’acte d’émigrer et celle de la communauté d’origine qui les a laissés partir. »
Cette question nous permet d’insister sur l’importance d’un travail sur le transgénérationnel en séance avec les patients et plus encore avec ceux ayant dans leur histoire ou dans celles de leurs parents ou grands parents un vécu de rupture migratoire. Ceci dans le but d’aider au déploiement chez les patients d’une identité narrative ayant un sens et une temporalité.
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
La transparence psychique, M. Bydlowski
« La grossesse est le moment d’un état psychique particulier, un état de susceptibilité ou de transparence psychique où des fragments de l’inconscient viennent à la conscience . » C’est ainsi que Monique Bydlowski dans « La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité. » décrit l’état de transparence psychique de la femme enceinte.
Elle ajoute aussi que cette grossesse, occasion d’une « crise mâturative, contient sa propre capacité évolutive et contribue au processus de formation d’une identité nouvelle« .
Cet état de transparence psychique décrirait « à la fois un état relationnel particulier – d appel à l’aide latent et quasi permanent – et une corrélation entre la situation de gestation actuelle et les remémorations infantiles » qui irait « de soi sans soulever de résistance ».
Ce billet n’a d’autre ambition que d’inciter ceux qui accueillent et proposent une relation d’aide à des femmes enceinte à lire ou à relire encore une fois ce texte tant le concept de transparence psychique ouvre les possibilités d’un travail riche et sans cesse renouvelé et créatif avec ces patientes.
Catherine Montluc, psychologue Paris 15
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue 75015
« Les séparations, Victoires et Catastrophes »
A lire dans le dernier numéro de Carnet Psy (juillet/aout 2012), les actes du colloque « Les séparations, Victoires et Catastrophes » du 15 octobre 2011 organisé par Catherine Chabert et le LPCP de l’Université Paris Descartes (1ère partie).
Lire à ce sujet l’article de pagepsy d’octobre 2011,
Consulter le site de la revue Carnet Psy
Catherine Montluc, Psychologue 75015
Autisme et ethnopsychiatrie
Dans « Thérapeutiques » (2002), T. Nathan s’est intéressé à l’autisme et à la difficulté d’accès de ces enfants au langage verbal. Il a souligné « un grave malentendu » entre l’Occident et l’Afrique : « les gens de là bas », écrit-il, « pensent que certains enfants qui ne parlent pas ont ce comportement de manière intentionnelle, alors que nous pensons qu’ils souffrent d’une grave perturbation « .
T. Nathan précise ainsi par exemple que pour l’ethnie Soninké au Mali, ces enfants sont nommés « Wallibou » qui signifie « Saint (de retour) », ailleurs, chez les Serer au Sénégal, on les appelle « O Kin O Pajer » : « qui part et qui revient », chez les Yorubas (Bénin- Nigéria), ils sont les « Abikus », les « morts renés ».
Ces théories traditionnelles indiquent que ces enfants seraient en lien avec les ancêtres de leur groupe avec lesquels ils continueraient à entretenir des relations bien après leur naissance.
Ces théories présentent en tous cas l’avantage de percevoir ces enfants à partir d’éléments positifs : On ne dit pas que ces enfants ne parlent pas ou qu’ils refusent la relation, mais qu’ils continuent à dialoguer avec les ancêtres. Le silence de l’enfant est interprété comme une conversation avec des êtres invisibles, signe d’une connaissance sur le monde quasiment innée ; le refus du langage serait un refus d’abandonner la langue des ancêtres ; les jeux stéréotypiques de ces enfants seraient alors perçus comme des messages sans cesse répétés jusqu’à ce qu’ils soient correctement interprétés par leur destinataire….
On peut voir dans la littérature occidentale actuelle évoquer cette nécessité face à l’enfant autiste de comprendre son univers, de le pénétrer, et finalement de reconnaître l’enfant autiste non sous l’angle d’un déficit mais d’une spécificité.
Et, T. Nathan de conclure qu’ « il s’agirait de convaincre l’autiste que le monde des humains n’est pas aussi hostile qu’il le parait. ».
Qu’on y adhère ou non, cette approche nous a paru mériter d’être citée notamment parce qu’elle prend le parti de souligner d’abord une nature spécifique de l’enfant présentant un TED et non pas un versant déficitaire.
Catherine Montluc,
Psychologue Paris 15, Psychologue 75015
« L’enfant de remplacement » et le sentiment paradoxal de culpabilité
Tout enfant né après la mort d’un aîné n’est pas un « enfant de remplacement ». M. Hanus précise qu’il ne serait son « remplaçant » « que dans la mesure où ses parents, sa mère n’ont pas pu en faire le deuil. Cet enfant de remplacement sans véritable place personnelle devient un objet de deuil. Il est amené à la vie dans le deuil, pour le deuil de ceux qui l’ont procréé à défaut de pouvoir en effectuer eux-mêmes le travail ». Cet enfant de remplacement, » investi des fantasmes projetés par les parents sur l’enfant décédé, serait à cet égard toujours en défaut, l’enfant perdu et remplacé étant toujours idéalisé ».
Il apparaîtrait alors comme « l’objet fétichique de la mère, étant là pour porter le deuil de celui qui était avant lui et en faire le travail. Il est l’enfant d’une mère endeuillée d’un enfant. » (A. Sabbadini).
Comme l’a indiqué M. Porot, cet enfant, né dans une atmosphère de deuil non liquidé , identifié au mort dont on lui attribue la place, n’aurait pas le droit d’être lui-même et vivrait un sentiment de culpabilité paradoxal. Condamné à un non-être ou condamné à l’identique, auquel il lui serait difficile d’échapper, il souffrirait d’un sentiment de confusion de l’identité de soi.
Plus loin M. Porot (1996) indique encore que dans la survie de cet enfant, il y aurait comme une désignation. A propos de V. Van Gogh, célèbre « enfant de remplacement », V. Forrester décrit ce « frère mort dont il pense être, au mieux, le remplaçant, au pire, le meurtrier », « usurpant une place dans le monde des vivants ».
Si les parents se sentent coupables, voire tyrannisés par la culpabilité envers l’enfant perdu, ce deuil engendre aussi pour l’enfant de remplacement un sentiment paradoxal de culpabilité du survivant .
Catherine Montluc, Psychologue Paris 15e
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue 75015
I. Yalom au théâtre Marigny le 4 juin 2012
Voici un événement à ne pas manquer !
Le 4 juin 2012 au Théâtre Marigny à Paris, Irvin Yalom sera présent pour une conférence unique à l’occasion de la parution de son dernier livre : Le Problème Spinoza, aux éditions Galaade.
Cette rencontre exceptionnelle est organisée avec le soutien de Psychologies Magazine.
Saluons cette promesse d’un moment d’exception. On y court...
Lire l’article précédent de Pagepsy consacré à I. Yalom, catégorie « Au coin du feu – Livres »
Catherine Montluc
Aller sur le site dédié aux consultations enfants, adultes, souffrance au travail et risques psychosociaux : Psychologue Paris 15e
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